Manager ses anciens collègues : le casse-tête

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l y a quelques jours, j’ai reçu un mail de Marie qui s’interrogeait sur une situation courante mais complexe. En effet, elle vient d’obtenir une promotion : Bravo Marie ! Après l’euphorie et quelques coupes de champagne vient le temps des questions (pour rappel, l’abus d’alcool est dangereux pour les raisonnements pertinents). A chaque évolution de carrière, des questions, on en a des tas. Mais là, Marie en a une précise et ça me facilite un peu la tâche car je n’étais pas d’humeur à écrire une thèse sur le management. Son souci ? “Comment appréhender le fait de devenir le responsable de ses collègues actuels ?”. Mince, moi qui comptais lézarder sur mon transat, me voilà avec quand même du pain sur la planche.

Les points de Vigilance

Ne pas complexer

Premièrement, il faut accepter l’idée que si notre chef nous a choisi pour ce poste c’est qu’il pense que nous étions sa meilleure option. Se sous-estimer, se rabaisser devant ses collaborateurs-collègues n’apporte rien. C’est contre-productif et cela peut même passer pour de la fausse modestie. Si on a des doutes sur nos réelles capacités, on peut très bien demander de but en blanc à notre responsable pourquoi on a été choisi. Pour asseoir sa légitimité, il faut déjà se sentir légitime.

Attention aux signaux qu’on renvoie

Après avoir reçu sa couronne, Miss France dirai : “Merci infiniment, mais je compte rester la même”. Pareil pour nous. Il est déconseillé d’arriver du jour au lendemain en costard-cravate, vouvoyer ses anciens collègues et commencer à fumer le cigare. J’exagère à peine mais sachez juste que nos anciens collègues vont chercher inconsciemment (ou non) des signes de notre statut de “chef”. De par nos nouvelles fonctions, on ne sera plus perçu de la même façon alors pas la peine d’en rajouter.

Les copinages

Le quotidien fait qu’on développe des affinités ou des inimitiés entre collègues. Si on est ami avec un collaborateur, je conseille de mettre les choses au clair dès le début : le travail au travail et tout le reste en dehors, pas de traitements de faveur. Au travail pas la peine de cacher notre amitié, de toute façon tout le monde est déjà au courant. D’un autre côté, si on était en guerre ouverte avec un ancien collaborateur, sachez qu’il se fait autant de souci que nous. Ecoutons la petite voix qui raisonne dans sa tête et qui dit : “Le chef me déteste. A quelle sauce je vais être mangé ?”. Rassurons-le, valorisons ses qualités professionnelles (il doit bien en avoir) et prenons ensemble un nouveau départ. La clé c’est d’être le plus objectif possible et comme toujours dans notre métier : être factuels. On est critique envers des faits et des résultats pas des hommes et des femmes.

Nos atouts

Comme nous venons de le voir, il y a pleins de pièges à manager ses anciens collègues. Mais heureusement, le tableau n’est pas tout noir ! Nous avons un avantage de taille face à une recrue extérieure car nous connaissons parfaitement le service : ses rouages, ses forces et ses faiblesses. Nous sommes opérationnels dès notre prise de poste car nous connaissons le “comment” faire les choses. On ne peut donc pas “nous la faire à l’envers”. Nos anciens collègues le savent et s’ils essayent de le faire quand même, c’est uniquement pour tester notre faculté à exercer notre autorité. Valorisons les forces de nos équipes et travaillons avec elles pour s’affranchir de toutes ces petites (ou grandes) choses qui nous polluaient au quotidien. Dans notre précédent poste, combien de fois n’avons-nous pas râler contre ce process trop complexe, trop lent, trop inutile. Alors aujourd’hui que nous en avons les moyens, fluidifions les circuits de communications, d’informations, supprimons ces tâches inutiles pour permettre à tous de dégager plus de valeurs ajoutées. Evoluer, c’est une belle aventure parfois stressante mais toujours enrichissante.